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Pyramide de Téotihucan
La religion aztèque est un mélange de polytheisme, de chamanisme et d'
animisme; elle est déterminée par les astres. Comme d'autres religions mésoaméricaines, elle a recours aux sacrifices humains associés à des festivités fixées par le calendrier
aztéque. L’une des idées fondamentales de la religion aztèque consiste à grouper tous les êtres selon les points cardinaux et la direction centrale ou de bas en haut. C’est l’une des
raisons pour lesquelles dans la mentalité mexicaine les nombres 4 et 5 sont aussi importants que dans la mentalité magique occidentale l’est le nombre 3. Les couleurs, les arbres, les
animaux sont également classifiés et associés à l’une des quatre directions. Ce qui caractérise la pensée cosmologique aztèque est, comme l’indique Jacques SOUSTELLE dans son ouvrage
« La pensée Cosmologique des anciens Mexicains » une liaison permanente d’éléments associés tels que les couleurs, le temps, les espaces orientés, les astres ; les dieux et
les phénomènes historiques. Notons donc que nous ne sommes pas en présence d’une chaîne de causalités mais d’une imbrication réciproque de tout dans une même unité de
temps.
La
religion chez les Aztéques est principalement astrale, ils étaient le Peuple du Soleil et se caractérisaient par unpanthéon illimité dans lequel on retrouve les croyances et les
aspirations de classes. Le cycle mythique du soleil (Dont le Dieu est Huitzilopochtli) est avant tout la religion des guerriers promis au
sacrifice, tandis que Quetzalcóatl est l’idéal de sainteté des prêtres. Tlaloc, Dieu de la pluie est le dieu des paysans etc.…etc.… Il y a un dieu pour chaque échelon de la
hiérarchie sociale pour chaque subdivision de l’habitat ou du travail, pour chaque village et chaque cité.…
Il s'agit en effet d'une religion strictement fonctionnaliste c’est-à-dire que les dieux, voués à la conservation du monde, sont
affectés à des tâches précises d'assistance aux hommes, lesquels en échange leur doivent une obligation d’adoration continuelle ainsi que des sacrifices. Cela dit, il existe un culte
dominant, celui du dieu Soleil , Huitzilopochtli . Alfonso CASO met du reste en évidence avec pertinence l’existence de trois substrats
dans la pensée Aztèque : D’un coté un substrat polythéiste car les classes incultes ont une propension au polythéisme, un second substrat sacerdotal car les prêtres étaient désireux
de réduire la quantité de dieux. Il existait aussi un courant philosophique qui affirmait l’existence d’un Dieu unique, invisible, prémisses d’une religion presque monothéiste mais qui
n’était que l’œuvre de penseurs et philosophes isolés. Selon CASO la clé de la pensée aztèque résidait dans le fait que l’homme était
envisagé comme collaborateur des Dieux qu’ils devaient servir, et en particulier Huitzilopochtli. Ce dieu est d’ailleurs aisément reconnaissable
car il possède sur le corps des bandes jaunes et bleues, des plumes de colibri sur la jambe gauche et un bâton en forme de serpent
nommé «atlatl ». Son nom indique qu'il est associé à tous les rites de la guerre et de la mort. En effet, les colibris symbolisent
les âmes des guerriers morts au combat et qui accompagnent le Soleil dans sa course quotidienne. Le nom de Huitzilpochtli vient de
uitzilin, " oiseau-mouche " , et de opochtli, « de gauche », ce qui veut dire métaphoriquement « guerrier
ressuscité », parce que les Aztèques croyaient que le guerrier se transformait à sa mort en colibri et que la gauche était la direction du sud, séjour des morts.

Site de Tuxmal
Les Aztèques se considèrent comme le peuple élu du Soleil chargé d'en assurer la marche en le nourrissant, cette
« mission » que s’attribuaient les Aztèques relevait de l’obsession. La planète Vénus et la lune sont également des astres importants qui sont associés à des symboles et
des lieux. La lune est associée au lapin car les Aztèques voyaient une représentation de cet animal dans les taches sombres de l’astre lunaire. Vénus était l’étoile du matin qui
apparaissait à l’ouest une partie de l’année, puis disparaissait pour réapparaitre plus tard dans l’année le soir à l’Est .Pour les aztèques elle traversait l’univers et symbolisait la
mort et la renaissance. Chez les Aztèques la nature et les hommes ne sont pas voués à la mort éternelle, des forces de résurrection sont à l’œuvre : le soleil renaît chaque matin,
Vénus meurt et renaît, le maïs, la végétation renaissent aussi tout comme la Lune. La conception du temps chez les Aztèques est cyclique et non linéaire. Ce qui s’est produit pourra se
reproduire. La vie et la mort ne sont que deux aspects d’une même réalité. Dans la vision mexicaine de l’homme, celui-ci a peu de place. L’homme est en grande partie dominé par le système de la destinée, ni sa vie ni sa survie ne lui appartiennent. Nous verrons cependant plus loin que grâce à l’astrologie et aux
prédictions il n’y a pas pour autant de fatalisme.
Les Aztèques considéraient que plusieurs Soleils avaient existé auparavant. Il y avait eu le Soleil de terre suivi de ceux du vent,
du feu et de l'eau. Tous périrent dans un cataclysme. Le cinquième Soleil fut créé à Teotihuacan. Les dieux se réunirent pour désigner celui qui aurait l'honneur d'incarner le nouvel
astre. Ce soleil était celui du mouvement. Mais comme les précédents, sa destinée était de disparaître lui aussi dans un cataclysme. C'est cette perspective pessimiste qui est à l'origine
de la vision mystico guerrière des Aztèques. Tlacaelel réussit à persuader les sages que l'on pouvait éviter la mort du Soleil en le nourrissant d'eau précieuse. Ce liquide était le sang
des êtres humains que l'on allait sacrifier pour assurer la survie de l'astre solaire. L'objectif était d'obtenir suffisamment de prisonniers pour les sacrifices. Pour que le Soleil vive,
la guerre était devenue indispensable. Les Aztèques justifiaient alors leurs conquêtes par la mission suprême qu’ils devaient accomplir. Le sacrifice humain est donc une transmutation par
laquelle on fait de la vie avec la mort. Dans toute la vallée de Mexico les nouveaux codex illustraient la puissance de Huitzilopochtli et la
grandeur du peuple Mexica. Par ailleurs les Aztèques tirèrent habilement leur légitimité du syncrétisme religieux puisqu’il existait un panthéon : le coacoalco ou demeuraient tous
les dieux des peuples que les Aztèques soumettaient et desquels ils exigeaient ensuite un tribut. Le temple ou étaient vénérés ces dieux « externes » se nommait
« caoteocalli » (maison des dieux divers) qui était le temple de la déesse mère « Ciuacoatl » (serpent femme). Ainsi grâce à cette intégration les Aztèques pouvaient aussi par le biais de la religion asseoir leur hégémonie.

Pyramide du Soleil à CHICHEN ITZA
Lorsque l’on parle des Aztèques il est
souvent question de leur barbarie à l’occasion des sacrifices humains fréquents et spectaculaires auxquels ils se livraient. Notons cependant que ce peuple considérait, contrairement aux
conquistadores, que le fait de sacrifier une vie sur le champ de bataille était de la plus parfaite stupidité. En effet pour eux le corps humain était sacré et la vie l’était aussi. Il
importait donc de la préserver et de l’offrir rituellement en offrande aux Dieux puisque les prisonniers sacrifiés étaient des « messagers » envoyés aux Dieux. Même si les
Aztèques réalisaient des sacrifices dont la seule évocation nous fait frémir, l’intentionnalité qui les animait alors répond à une vision du monde qui leur est propre et qui n’est ni plus
ni moins condamnable que les tueries dont les conquistadores ont fait preuve sous couvert notamment d’évangélisation. Cependant les deux religions en présence lors de la conquête étaient
inconciliables et donna lieu à une lutte acharnée notamment après que les conquistadores assistèrent aux sacrifices de leurs compatriotes et à l’exposition de leurs crânes grimaçants. Les
prêtres Aztèques étaient des hommes mais aussi des femmes et n’utilisaient pas les sacrifices humains qu’ils réalisaient comme source d’affirmation ou de renforcement de leur pouvoir mais s’estimaient investis d’une mission divine de stabilité du monde et à ce titre faisaient preuve de la plus grande
humilité. Il est à noter que les Aztèques élevés dans un esprit guerrier étaient préparés dès l’enfance à être d’éventuels sacrifiés en fonction de l’issue des batailles qu’ils
auraient à livrer. Ils acceptaient donc avec stoïcisme les sacrifices dont ils étaient l’objet et refusaient même l’éventuelle grâce dont ils
pouvaient bénéficier. Cette clémence était selon eux contraire à son destin et aux volontés divines.
Parmi les
activités que pratiquaient et que pratiquent encore les chamanes, la divination joue un rôle primordial et elle s’est principalement basée sur les rituels liés aux calendriers, à des
présages ayant trait aux cris d’oiseaux, aux signes étranges envoyés par les vecteurs que sont les animaux par exemple. Les Aztèques avaient l’avenir comme préoccupation principale et ils
étaient attentifs aux présages. L’une des pratiques divinatoire fréquente était la lecture de l’avenir dans le maïs. Cette technique consiste à interpréter la position des grains
lorsqu’ils tombent après plusieurs lancés successifs. Cette technique était utilisée pour connaître les causes et le sort d’une maladie. Une autre technique consistait à mordiller les
grains de maïs et à les jeter dans l’eau. La position qu’ils avaient alors permettait de faire des prédictions. D’ailleurs cette pratique était tellement répandue qu’à la première page du
Codex Bourbon on peut voir deux chamanes (Cipactonal et Oxomoco), Oxomoco tenant un bol d’où il fait sauter neuf grains de mais afin de réaliser des prédictions. Ces deux chamanes avaient
d’ailleurs une excellente connaissance des plantes qu’elles soient hallucinogènes (pour permettre les transes extatiques) ou médicinales pour soigner les patients. Ces deux chamanes
furent les premiers médecins.
Outre ces techniques, les divinations étaient aussi réalisées à l’aide de cordelettes ou de plantes
hallucinogènes dont l’absorption avait pour but de réaliser à la fois le rite de la divination et de la guérison. Les chamanes se plaçaient alors sous la protection de Tlaloc, qui était
en plus d’être le dieu de la pluie, le dieu patron des plantes et des champignons psycho actifs.
L’interprétation des rêves chez les Aztèques comme les Mayas et probablement chez tous les peuples mésoaméricains est essentielle. Ces civilisations ne considéraient
pas tous les rêves comme support d’interprétation mais n’attachaient d’importance qu’à ceux qu’ils dénommaient « cochitlehualiztli » qui signifie étymologiquement
« levée quand on est endormi » .Ceci laisserait donc penser qu’il y aurait selon les Aztèques une séparation entre le corps et l’esprit pendant le sommeil, l’esprit
abandonnant alors le corps endormi. Ceci est corroboré d’ailleurs par le fait qu’en nahuatl le mot « réveiller » est
« za » ou « hualiza » dont la traduction littérale est « être ici » ou « venir à être ici » . Le réveil serait alors le moment de la
réincorporation de l’esprit. De nos jours chez le Nahuas « se réveiller » se dit
« se rappeler » ce qui confirme bien que le réveil est un rappel à la réalité tandis que le rêve est un éloignement de ce monde et une exploration d’un espace et d’autres
réalités. Chez les Nahuas de jadis mais aussi chez les Mayas d’aujourd’hui les scènes de rêve sont considérées comme des évènements actuels
qui peuvent naître d’une communion avec les dieux ou de messages que ceux-ci envoient. Il peut s’agir aussi de communications avec les morts puisque l’esprit peut naviguer dans les 9
mondes inférieurs (infra mondes).
La mort donnait également lieu à un rituel sacré. Les aztèques distinguaient deux rites funéraires : la crémation et l’enterrement. Etaient enterrés ceux qui
mourraient noyés, frappés par la foudre, les lépreux, goutteux, hydropiques, en un mot tous ceux que les Dieux de l’eau et de la pluie avaient distingués en les retirant du monde. Les
femmes mortes en couches étaient enterrées en un lieu spécifique. Dans la religion aztèque la plupart des âmes des hommes une fois morts allaient au « Mictlan » qui est au nord
là ou les âmes subissaient une série d’épreuves magiques en passant par les enfers. Ce n’est qu’au bout de quatre années qu’elles parviennent au repos éternel
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